Barfine or not barfine ?
J'ai écrit un texte un peu trop long. Si vous trouvez ça lourd, sautez l'argumentation et allez à la conclusion.
A l’origine, la barfine (amende de bar) est une espèce d’indemnité due en compensation de l’absence de l’employée du bar quel que soit son rôle supposé ou réel (serveuse, animatrice, danseuse etc …). Dans la pratique, il s’agit de la part du patron pour favoriser la prostitution de la fille (ou le ladyboy), celle-ci percevant librement sa part auprès du client. La prostitution de bar a toujours été hypocrite en Thaïlande comme le reste de la prostitution et de la loi qui l’interdit plus ou moins.
Il y a encore 5 ans, les arguments utilisés par des patrons de bar étaient que cette prime constituait aussi un vrai service pour le client car aucun ladyboy de bar ne se risquerait à arnaquer un client et encore moins à le droguer pour le détrousser. C’est vrai que ces arnaques existent (ou plutôt ont existé AMHA) et le post de l’admin du 2 avril 2011 l’atteste (
http://www.trans-girls.com/index.php?na ... 62&start=0 ). Il ne faut pas dramatiser à outrance non plus.
Personnellement, cette pratique me gênait pour plusieurs raisons. La première, c’est que c’est un acte de reconnaissance ouverte du proxénétisme. La deuxième, c’est que ça coûte cher au client. Il faut payer une BF, mais aussi d’autres frais : le client se paye un verre, trouve un ladyboy, ne peut socialiser avec elle que s’il lui paye un lady’s drink (LD), si ça ne convient pas, il faut en payer un autre, ce qui alourdit la facture, si l’hôtel du client est un peu trop éloigné, on n’aura pas le temps alors le bar loue une chambre (ST room) qui est souvent miteuse, ou alors il faut aller dans un ST hotel. La BF représente un tiers du coût total mais le prix total de la prestation peut s’alourdir très vite si bien que la somme donnée au ladyboy (ou à la fille de bar) représente moins de la moitié. A force de cumuler des services pas cher, on finit par le payer très cher (et en plus on soutient le proxénétisme pratiqué en public, ce à quoi les français sont très sensibles).
Lorsque j’ai emmené un ladyboy de bar en LT, le prix pour 24 heures était presque 3 fois le prix de la freelance que j’avais emmenée en LT 2 ans avant (qui était certes anormalement bas). Une autre fois, j’ai rencontré un autre ladyboy de Bangkok. J’avais eu son contact par
Thaifriendly et j’avais aimé quelques vidéos porno qu’elle avait tournées. Elle travaillait dans un bar réputé à Bangkok (Charades, Nana plaza) mais elle acceptait de me voir en privé. Elle m’a dit que son bar mettait souvent les ladyboys au chômage technique par manque de client et qu’elle préférait négocier un pourboire d’un peu plus de la moitié de la BF de son bar.
Quand j’étais dans le sud de la Thaïlande, elle m’a demandé de passer à son bar lui payer un LD histoire de l’aider à atteindre ses objectifs. En fait, son patron donnait à chacune des objectifs mensuels de LD et de BF et celles qui ne faisaient pas leur quota étaient les premières à qui on demandait de rester chez elles les soirs de basse activité. Et si le client ne lui plait ? Si c’est le cas, elle devait se faire prendre par un client qu’elle n’aimait pas. On est tout de même assez loin de la fille de bar qui accepte un client parce qu’il lui plait. Une fois arrivé dans son bar, elle n’y était pas. J’espérais la voir et je me suis heurté à la Mamasan qui m’a sommé de choisir parmi les ladyboys présentes. Vu le ton sur lequel elle me parlait, je n’ose pas imaginer comment elle parlait à ses ladyboys.
Les patrons de bar rétorquent que les filles ont des commissions sur les LD et les BF mais, quoi qu’il en soit, ça se rapproche tout de même un peu plus de la prostitution forcée.
La même année, j’ai eu une rencontre que je range au niveau des arnaques avec une fille de bar. Ce n’était pas bof bof, c’était 3 niveaux en dessous. Le pire est que c’est difficile de décrire le comportement d’une transsexuelle qui se met à jouer comme un gamin de 11 ans et refuse de faire ce pour quoi elle est venue. Je l’ai signalé au patron du bar qui m’a proposé un «refund» mais a aussi joué sur le fait que j’aurais à me justifier et passer un moment désagréable à le faire, voire à devoir m’expliquer avec lui et le ladyboy. Je n’avais qu’un mois de vacances et j’ai préféré passer mon argent par pertes et profits et conserver ma liberté d’en parler sur un forum.
J’ai reçu plus tard un MP d’un punter qui m’a expliqué que dans la bar en question, la moitié des ladyboys étaient plus moins droguées aux métamphétamines (yaba) et que le patron n’en ignorait rien. Ce sont même des riches clients qui envoient de l’argent tous les mois aux ladyboys pour qu’elles puissent s’acheter leur yaba.
Ce qui m’a le plus troublé cette année là, c’est que sur 10 ladyboys rencontrées, plus les ladyboys étaient proches du milieu des bars, moins j’étais satisfait de notre rencontre (avec toutefois une seule qui m’ait laissé insatisfait) et plus les ladyboys adhéraient à la règle du freelance, plus j’avais été satisfait.
L’an dernier, j’ai fait le même constat (à condition d’ajouter au milieu des bars en Thaïlande, les salons de massage ou les proxénètes dans d’autres pays). Mais l’évidence était là : plus le ladyboy était indépendant, plus le prix était bas et plus j’avais eu une bonne prestation. Je n’ai pas hésité à tourner le dos au milieu des bars et à ne rechercher que des freelances (il faut dire qu’au Cambodge, j’y étais un petit peu obligé aussi).
Les anglais étaient plutôt du genre à contester ces faits. En Thaïlande, le bar remplace le pub où ils aiment aller picoler en fin de journée et pour certains le bar constitue un faux semblant pour se permettre de penser qu’ils ont séduit un ladyboy au lieu de l’acheter comme une pute. Ils mettent aussi en avant un geste de socialisation, ce qui reste pour le moins discutable.
De retour en Thaïlande, j’ai maintenu ma ligne, mais j’ai aussi craqué. Un soir à Pattaya, j’ai passé mon début de soirée avec une étudiante rencontrée la veille (par Wechat). Puis j’ai voulu aller voir Katoeys R Us,un gogo bar réputé pour la beauté de ses ladyboys. Alors que j’avais payé 1000 baht pour mon étudiante, il auait fallu payer le double à Katoeys R us (1000 pour elle, 500 pour la BF, 500 pour la chambre) plus les verres. Je n’ai pas pu ni voulu me décider même si leur beauté était supérieure (disons surtout qu’elles avaient le corps enduit d’une crème de beauté pour rester séduisantes en maillot). Mais j’étais assez déçu par la socialisation. «hello my name is Pan. You come boom boom with me. Short time room here». C’était caricatural à ce point surtout à Bangkok. J’allais à New Obsession à Nana Plaza. J’ai repéré une beauté vue dans une vidéo mais j’avais déjà consommé. Je me suis dit que ce serait pour le lendemain avant de prendre l’avion (je me méfiais aussi de l’arnaque au ST hotel qui ferme tôt). Comme elle n’était pas là le lendemain, j’ai payé 2 LD et je n’ai pas trouvé de motivation pour monter avec aucune des deux. Dès la première phrase, la discussion était orientée sur un ST, ce n’était pas une discussion d’ailleurs c’était du harcèlement.
Je constate maintenant que les punters anglais, même attachés au système des bars se mettent de plus en plus à chercher sur
Thaifriendly et court-circuitent les bars, même si le patron est un ami. Certains proprios de bars ont aussi trop tapé sur leurs confrères thaïlandais en révélant au passage quelques astuces utilisées dans le milieu pour plumer un peu plus les clients (demander aux ladyboys de commander des LD qui valent plus cher, appâter les clients pour leur faire jouer de l’argent au billards puis les faire perdre, leur demander de payer des LD à leurs copines, etc…) .
Avec la montée en puissance d’internet,
Thaifriendly d’abord et les nouvelles messageries (Line et surtout les fonctions de recherche sur Wechat), il y a une inversion de tendance assez marquée. Les ladyboys thaïlandais apprennent peu à peu à s’affranchir des bars et des obligations d’y rester des heures. Les clients se débarrassent de dépenses inutiles. La police thaïlandaise (à Pattaya) semble aussi préférer faire des descentes dans les bars plutôt que des rafles parmi les filles qui racolent dans la rue. Si l’activité des bars tend à décliner, disons plutôt à stagner, les rencontres plus ou moins vénales avec les ladyboys se développent sur les nouvelles applications. Je suis convaincu qu’on en trouvera de plus en plus à l’avenir.
Conclusion : d
ésolé pour ce pavet. Tout ça pour expliquer qu'on peut trouver des ladyboys en dehors des bars, payer 2 à 3 fois moins cher et être tout aussi satisfait.